mardi 24 avril 2018

Chapitre 8, Nous nous sommes tant aimés, vole mon ange blanc !

Nous nous sommes tant aimés Boby, vole mon ange blanc !


25 Avril 2018, il y a 2 mois déjà que tes yeux se fermaient sur ce monde où tu n'as connu que souffrances, celle d'un bébé menacé quotidiennement de mort là où tu es né, un long voyage plein d'espoirs déçus, l'abandon, l'errance, la solitude, la faim, la soif puis la maladie et c'est aussi l'anniversaire du début de ta vie à mes côtés, ce mardi 25 avril 2017 où tu m'as fait comprendre que tu étais prêt à me suivre, venant manger dans ma main et 2 jours plus tard le jeudi 27 avril, tu franchissais le portail de la maison.



Nous nous sommes tant aimés pendant ces 10 mois vécus ensemble, malgré les affres de la maladie qui te rongeait petit à petit. Ton courage, ton amour, ta douceur, ta joie de vivre, remplissait de bonheur mon quotidien. Ta présence était une richesse insoupçonnée, une telle leçon de vie, un guide, une lumière sur mon chemin.


Tu reposes à mes côtés, dans cette petite urne bleue, comme la mer qui ouvre des horizons, le bleu de la sagesse et de la sérénité.  Le bleu était une couleur porte-bonheur liée à l'immortalité et à la Vérité chez les égyptiens. Dans le Feng Shui, le bleu est la couleur de l'âme et de la sagesse, il représente la tranquillité, et favorise la réflexion et la méditation, n'est-ce pas ta couleur ! 
Puisses-tu être serein dans le monde où tu es, loin de toute souffrance, heureux, c'est le sentiment que j'éprouve quand je te sens si présent. 


Nous avons écrit ensemble une merveilleuse histoire, dans laquelle il n'y aura jamais le mot ...FIN et où seul le mot AMOUR inonde chaque page.












jeudi 25 janvier 2018

Chapitre 7 : Entre espoir et inquiétude, Carpe Diem

Entre espoir et inquiétude, Carpe Diem 

Jeudi 25 janvier 2017

Voilà ce qu'écrivait ma maman il y a quelques jours : 
"Malheureusement depuis mi-décembre 2017, son état s'est aggravé, Boby était fatigué, ne mangeait plus que quelques petites bouchées par-ci par-là. Le verdict est tombé : l'insuffisance rénale s'est aggravée, 2/3 de ses reins ne fonctionnent plus, définitivement détruits. L'augmentation de l'urée a contribué à créer des ulcérations du tube digestif, limitant également l'alimentation avec des difficultés à avaler et une perte totale d'appétit.
La vie de Boby ne tient plus qu'à un fil, mais ce fil est là, ténu certes, mais suivons-le comme le fil d'Ariane, pour que Boby puisse continuer à mener sa vie de petit chien joyeux, plein d'amour, un petit cœur qui a tant souffert dans sa chair et dans son esprit.

Boby a eu son bilan de contrôle après 5 jours de perfusions. On est en droit de croire que des soins intensifs lui permettront de profiter encore de la vie. Les résultats sont encourageants : l'urée a diminué de 2,20 à 1,12, la créatinine de 52 à 42, le phosphore s'est normalisé et il commence à s'intéresser à un peu de nourriture.
Amaigri et déshydraté, Boby pesait jeudi dernier 13kg750. Aujourd'hui il a repris du poids, 14kg250 et son état d'hydratation est bon.
Il va devoir encore être perfusé 3 fois par jour jusqu'au 15 janvier, le prochain bilan sera fait le 16.
Le vétérinaire a été très touché par sa gentillesse, son acceptation des soins, son regard plein de tendresse dans lequel il pouvait lire comme un "merci".

Boby a eu son bilan de contrôle hier après 12 jours de perfusions. La situation qui s'était nettement améliorée après les premières perfusions, a encore un peu progressé, mais il semble qu'on ait atteint un point de stabilisation avec une urée à 1gr et une créatinine à 42. Boby a perdu du poids, n'arrivant pas à s'alimenter mais en revanche il a retrouvé un peu d'appétit hier. Le prochain contrôle aura lieu le 24 janvier.

Boby a eu la chance de pouvoir être perfusé à la maison, 3 fois par jour durant environ 2h30 - 3h à chaque fois, tout d'abord pour son confort et pour éviter les frais d'une hospitalisation."

Depuis le 5 janvier, ma maman m'emmène souvent voir mon docteur.




A chaque fois il me fait une prise de sang et me regarde partout. Il est gentil avec moi ce docteur, et il dit beaucoup de choses à ma man. Je ne comprends pas tout, mais souvent il la félicite. Je sais que ma maman m'aime beaucoup et moi je l'aime si fort aussi.

Il a prescrit d'abord 5 jours de perfusions, mes reins allaient un peu mieux, mais pas assez améliorés, alors il a dit de continuer encore pendant une semaine. C'était bien long.
Il y avait un rituel chaque jour, ma maman se levait tôt, on allait tous faire nos besoins dans le jardin, souvent il faisait encore nuit noire, on rentrait prolonger la nuit. Mes frères et sœurs dormaient dans le lit ou leurs paniers et moi je rejoignais le canapé , ma maman s'installait, prenait ma petite patte enlevait les bandes de protection, et branchait la perfusion. 2h30 à 3h où elle restait à côté de moi, son ordinateur sur les genoux. Je m'endormais souvent la tête sur sa cuisse, j'aimais bien, de temps en temps je sentais sa main sur moi, elle me parlait doucement, m'encourageait et bien lové, je ne bougeais pas. Quand le flacon était terminé, elle enlevait le fil attaché à ma patte, remettait le pansement et même une grande bande pour que je ne puisse pas arracher mon cathéter en jouant dans le jardin.





Et tout recommençait en début d'après-midi et le soir après dîner.
Le dernier jour, comme j'étais heureux de sentir ma patte libre, plus de "fil à la patte", plus de sparadrap qui irritait ma peau rasée, libre de courir, de jouer, de me rouler en boule sans crainte...
Il pleuvait beaucoup tous les jours, mais je n'ai pas hésité à sortir, tellement j'étais heureux.

Malheureusement le contrôle n'a pas montré un grand bénéfice de ces perfusions supplémentaires.
Je ne mangeais toujours pas grand chose et de très petites quantités à chaque fois. Mon meilleur repas était la nuit, peut être une vieille habitude de la forêt, quand tout était paisible, plus de bruits, plus l'agitation de la ville que j'entendais de loin...

J'ai beaucoup de médicaments à prendre et pas tous en même temps, là aussi un rituel : le Semintra au lever. Quand je vois ma maman arriver avec le flacon et la petite seringue bleue, je cache mon museau sous la polaire, mais de toute manière, elle arrive toujours à la glisser dans ma bouche, alors résigné, j'avale. Ce n'est pas si mauvais. Une heure plus tard, ce sont les pansements pour mon tube digestif, encore une seringue, mais depuis quelques jours, c'est un liquide blanc qu'elle me donne à la cuillère et j'aime mieux.
Une heure encore plus tard, de nouveau une seringue avec l'Ipakitine, alors celle-là je n'aime pas du tout et mon petit repas. Et le soir c'est l'Oméprazole, encore les pansements digestifs, encore l'Ipakitine...
Ma maman s'ingénie à me préparer des petits plats que j'aimerais, mais si j'apprécie un jour, le lendemain, je suis vite écœuré et ça ne passe plus. Alors elle change, mais toujours ma pâtée K/D, qu'elle enrobe de douceurs et des friandises spéciales. Mais quand j'en ai avalé quelques unes c'est un record.


Hier je suis retourné voir mon docteur. Je me sentais plutôt bien, il était content de me voir. Pourtant j'ai encore perdu du poids : 13kg02 ! 
Et là grand étonnement de mon docteur et de ma maman devant les résultats de la prise de sang, ils n'ont jamais été si mauvais ! Mes reins ne fonctionnent plus ! 
Il m'a donné un autre médicament et dit à ma maman que si je me déshydratais, on allait refaire des perfusions pendant quelques jours.



J'ai bien vu que les yeux de ma maman brillaient comme un diamant mouillé, ils brillent toujours quand elle me regarde, mais pas comme ça. Alors au retour, j'ai posé ma tête sur elle, je savais que j'allais retrouver ma maison et ma famille. 


avec Onyx et ma Lucy


avec Leeroy, on est copains maintenant




Mais pour combien de temps ?
Une nouvelle bataille s'engage contre la maladie, j'ai tellement envie de voir longtemps encore chaque matin le jour se lever sur nos montagnes ! 
















vendredi 5 janvier 2018

Chapître 6 - Comme un ciel d'orage

Vendredi 5 janvier 2018



Comme un ciel d'orage,

des gris de plomb, des bleus évanescents, un éclair de jaune souligné d’un trait de noir… la vie adopte parfois les couleurs d’une météo menaçante.



Alors que le ciel de ma vie était serein, profitant avec bonheur de ma famille, de mes frères et sœurs, essayant de suivre en courant les longues pattes, nez au vent dans le jardin, jouant de longs moments avec Lucy, me régalant des petits plats de ma maman qu'elle élabore pour rendre mon régime plus appétant, faisant de longues siestes blottis tous ensemble sur un grand lit, comme cette météo de décembre, un brutal coup de tonnerre a résonné.







Une certaine fatigue me faisait faire de plus longues siestes, petit à petit jusqu'à ce 13 décembre, mon appétit diminuait. Cette pâtée K/D spéciale pour mes reins, ne me tentait plus, les croquettes spéciales encore moins. Pourtant mes petits plats étaient enrichis de blancs de poulet, de fromage, toutes choses que j'aimais avant.
Je suis allé voir mon docteur à Rouen et là le verdict tombe. Malgré mon traitement, mes reins très abîmés (plus de 66% ne fonctionnent plus) s'épuisent, l'urée a grimpé, me coupant l'appétit, me faisant perdre mon beau poil de petit nordique, me donnant une haleine forte, un peu sucrée, âcre, et les aliments n'avaient plus qu'un goût écœurant. Mon tube digestif était touché avec de nombreuses petites ulcérations qui me faisaient mal quand j'avalais.
On m'a hospitalisé pour me perfuser, mon urée a un petit peu baissé, mais j'ai bien vu dans les regards de mon vétérinaire et de maman qu'ils étaient inquiets pour moi.
On a augmenté mon traitement, mais quel calvaire ! Le matin, j'avais droit à 2 seringues de Semintra, puis une heure après, ma poudre d'Ipakitine mélangée à de la nourriture (parfois du babybel, parfois un peu de viande de poulet, voire même des rillettes que je n'ai aimé que 24 ou 48 heures à chaque fois. Une fois mes médicaments absorbés, il y avait encore le comprimé de Nelio, puis le soir celui de Mopral et matin et soir à la seringue le Phosphaluvet après mes vitamines. Il n'y avait plus de place dans mon ventre pour les aliments.





Mon vétérinaire me disait que coûte que coûte, il fallait que je me nourrisse, peu importe le régime. Ma maman avait des trésors d'imagination pour tenter de me faire plaisir, mais si l'odeur me plaisait, dès la première bouchée, je détournais mon museau et partait me réfugier ailleurs. Il a suspendu une partie de mon traitement que je devais avaler de force, espérant que je retrouverai le goût des bonnes choses.
Malgré cela, je continuais ma vie de liberté, de jeux, de courses, de câlins, de siestes avec mes frères et sœurs et je me sentais heureux.





Comme le fait chaque année ma famille, nous avons fait la longue route qui nous emmène dans le sud-ouest pour un Noël familial. Je n'avais aucune crainte, cette maison j'y ai passé tout l'été, un autre chez moi.

Les fêtes sont passées, nous avons tous eu nos petits cadeaux, je me suis même régalé avec un petit os.



Mais pendant 48 heures, je n'ai plus avalé de nourriture et je vomissais toute l'eau que je buvais en grande quantité.
Ma maman m'a donné un autre médicament pour ne plus vomir, de l'Emeprid, un cauchemar ! Une heure et demi après je me suis senti brutalement bizarre, je voulais manger les coussins du canapé et puis d'un seul coup, comme si une tempête s'agitait dans ma tête je suis devenu agressif avec mes frères et sœurs, me jetant sur eux. Heureusement ils n'ont pas eu mal. Ma maman m'a mis au calme, seul dans une pièce où j'ai passé la nuit en attendant que le médicament soit éliminé. Le lendemain matin, comme j'étais heureux de tous les retrouver. Le calme était revenu. Il parait que 10% de mes congénères peuvent avoir cette réaction. En tout cas je n'en prendrai plus jamais.





Comme je ne mangeais toujours pas, je suis retourné voir un docteur hier, le 4 janvier. Mes prises de sang s'étaient encore aggravées, mon urée était à plus de 2 et ma créatinine à plus de 50 ! Ils ont beaucoup discuté avec maman. J'avais tous les signes d'une insuffisance rénale très grave et ma petite vie ne tient qu'à un fil. Ce fil qui me relie à la vie, c'est celui de mes perfusions !



Alors, ils ont choisi de se battre à mes côtés. Comme mon docteur a bien compris que sans ma maman je suis perdu, il n'a pas voulu m'hospitaliser, c'est ma maman qui me perfusera à la maison dès le soir et pendant 5 jours avec 3 perfusions de 3 heures par jour.

En fait comme elle reste à côté de moi, je ne me plains pas, je reste sagement couché, ma patte bien allongée et je rêve !







Ma maman, elle ne rêve pas elle, je sais qu'elle a de la colère au fond d'elle-même, tellement elle m'aime. Une colère profonde, qui ne ravage pas, mais qui fait mal, mal de savoir qu'on ne m'ait jamais vraiment aimé pendant mes 5 premières années, mal de savoir qu'on m'avait abandonné pendant de si longues années dans la nature, considérant que j'étais heureux dans cette vie sauvage et que je pouvais continuer à vivre ainsi... Heureux ? J'étais seul, sans amour, sans caresses, sans rien à boire que l'eau de pluie, sans rien à manger que mes maigres produits de la chasse aux petits mammifères ou de vieux os oubliés... Mes reins ont terriblement et définitivement souffert de cette vie solitaire.
Je sais qu'avec ma maman, nous allons mener ce combat contre cette maladie, qu'elle appelle "ma maladie de l'oubli", mais pourra-t-on gagner ? Quel est maintenant le prix de ma vie ?