vendredi 5 janvier 2018

Chapître 6 - Comme un ciel d'orage

Vendredi 5 janvier 2018



Comme un ciel d'orage,

des gris de plomb, des bleus évanescents, un éclair de jaune souligné d’un trait de noir… la vie adopte parfois les couleurs d’une météo menaçante.



Alors que le ciel de ma vie était serein, profitant avec bonheur de ma famille, de mes frères et sœurs, essayant de suivre en courant les longues pattes, nez au vent dans le jardin, jouant de longs moments avec Lucy, me régalant des petits plats de ma maman qu'elle élabore pour rendre mon régime plus appétant, faisant de longues siestes blottis tous ensemble sur un grand lit, comme cette météo de décembre, un brutal coup de tonnerre a résonné.







Une certaine fatigue me faisait faire de plus longues siestes, petit à petit jusqu'à ce 13 décembre, mon appétit diminuait. Cette pâtée K/D spéciale pour mes reins, ne me tentait plus, les croquettes spéciales encore moins. Pourtant mes petits plats étaient enrichis de blancs de poulet, de fromage, toutes choses que j'aimais avant.
Je suis allé voir mon docteur à Rouen et là le verdict tombe. Malgré mon traitement, mes reins très abîmés (plus de 66% ne fonctionnent plus) s'épuisent, l'urée a grimpé, me coupant l'appétit, me faisant perdre mon beau poil de petit nordique, me donnant une haleine forte, un peu sucrée, âcre, et les aliments n'avaient plus qu'un goût écœurant. Mon tube digestif était touché avec de nombreuses petites ulcérations qui me faisaient mal quand j'avalais.
On m'a hospitalisé pour me perfuser, mon urée a un petit peu baissé, mais j'ai bien vu dans les regards de mon vétérinaire et de maman qu'ils étaient inquiets pour moi.
On a augmenté mon traitement, mais quel calvaire ! Le matin, j'avais droit à 2 seringues de Semintra, puis une heure après, ma poudre d'Ipakitine mélangée à de la nourriture (parfois du babybel, parfois un peu de viande de poulet, voire même des rillettes que je n'ai aimé que 24 ou 48 heures à chaque fois. Une fois mes médicaments absorbés, il y avait encore le comprimé de Nelio, puis le soir celui de Mopral et matin et soir à la seringue le Phosphaluvet après mes vitamines. Il n'y avait plus de place dans mon ventre pour les aliments.





Mon vétérinaire me disait que coûte que coûte, il fallait que je me nourrisse, peu importe le régime. Ma maman avait des trésors d'imagination pour tenter de me faire plaisir, mais si l'odeur me plaisait, dès la première bouchée, je détournais mon museau et partait me réfugier ailleurs. Il a suspendu une partie de mon traitement que je devais avaler de force, espérant que je retrouverai le goût des bonnes choses.
Malgré cela, je continuais ma vie de liberté, de jeux, de courses, de câlins, de siestes avec mes frères et sœurs et je me sentais heureux.





Comme le fait chaque année ma famille, nous avons fait la longue route qui nous emmène dans le sud-ouest pour un Noël familial. Je n'avais aucune crainte, cette maison j'y ai passé tout l'été, un autre chez moi.

Les fêtes sont passées, nous avons tous eu nos petits cadeaux, je me suis même régalé avec un petit os.



Mais pendant 48 heures, je n'ai plus avalé de nourriture et je vomissais toute l'eau que je buvais en grande quantité.
Ma maman m'a donné un autre médicament pour ne plus vomir, de l'Emeprid, un cauchemar ! Une heure et demi après je me suis senti brutalement bizarre, je voulais manger les coussins du canapé et puis d'un seul coup, comme si une tempête s'agitait dans ma tête je suis devenu agressif avec mes frères et sœurs, me jetant sur eux. Heureusement ils n'ont pas eu mal. Ma maman m'a mis au calme, seul dans une pièce où j'ai passé la nuit en attendant que le médicament soit éliminé. Le lendemain matin, comme j'étais heureux de tous les retrouver. Le calme était revenu. Il parait que 10% de mes congénères peuvent avoir cette réaction. En tout cas je n'en prendrai plus jamais.





Comme je ne mangeais toujours pas, je suis retourné voir un docteur hier, le 4 janvier. Mes prises de sang s'étaient encore aggravées, mon urée était à plus de 2 et ma créatinine à plus de 50 ! Ils ont beaucoup discuté avec maman. J'avais tous les signes d'une insuffisance rénale très grave et ma petite vie ne tient qu'à un fil. Ce fil qui me relie à la vie, c'est celui de mes perfusions !



Alors, ils ont choisi de se battre à mes côtés. Comme mon docteur a bien compris que sans ma maman je suis perdu, il n'a pas voulu m'hospitaliser, c'est ma maman qui me perfusera à la maison dès le soir et pendant 5 jours avec 3 perfusions de 3 heures par jour.

En fait comme elle reste à côté de moi, je ne me plains pas, je reste sagement couché, ma patte bien allongée et je rêve !







Ma maman, elle ne rêve pas elle, je sais qu'elle a de la colère au fond d'elle-même, tellement elle m'aime. Une colère profonde, qui ne ravage pas, mais qui fait mal, mal de savoir qu'on ne m'ait jamais vraiment aimé pendant mes 5 premières années, mal de savoir qu'on m'avait abandonné pendant de si longues années dans la nature, considérant que j'étais heureux dans cette vie sauvage et que je pouvais continuer à vivre ainsi... Heureux ? J'étais seul, sans amour, sans caresses, sans rien à boire que l'eau de pluie, sans rien à manger que mes maigres produits de la chasse aux petits mammifères ou de vieux os oubliés... Mes reins ont terriblement et définitivement souffert de cette vie solitaire.
Je sais qu'avec ma maman, nous allons mener ce combat contre cette maladie, qu'elle appelle "ma maladie de l'oubli", mais pourra-t-on gagner ? Quel est maintenant le prix de ma vie ?












6 commentaires:

  1. très émouvant ... merci pour ce petit coeur ! courage, l' amour fait parfois des miracles !!!!

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  2. L'histoire de Boby m'a beaucoup touchée lorsque sa page facebook était passée dans mon fil d'actualité. Effarée que personne ne l'aide pendant tout ce temps, j'ai été très heureuse lorsque j'ai lu que vous aviez réussi à l'attraper.
    J'ai hélas connu cette fichue maladie avec un de mes chats, qui ne se laissait pas soigner. L'impuissance, la colère et bien sûr l'amour ... . Boby a beaucoup de chance d'avoir croisé votre route, et je vous envoie beaucoup beaucoup d'ondes positives. Sabrina

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  3. Je suis très touchée moi-même par tout ce que vous faites. Comment va boby ?

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  4. Il est stable, mais n'a toujours pas beaucoup d'appétit. Un prochain contrôle de ses reins aura lieu le 24.

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